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Avature

Si vous vivez et travaillez aux États-Unis, vous avez probablement utilisé un produit développé par Jack Henry récemment sans même vous en rendre compte.

Bien qu’elle ne soit pas très connue du grand public, cette entreprise basée dans le Kentucky est cotée en bourse et existe depuis plus de 45 ans. Elle fournit la technologie qui sous-tend les systèmes centraux, les guichets automatiques et les applications bancaires mobiles utilisés par d’innombrables institutions financières à travers les États-Unis. Jack Henry a pour mission de promouvoir les besoins humains au cœur des services financiers, en défendant les intérêts de près de 7 500 banques communautaires et régionales et coopératives de crédit qui constituent sa clientèle, tout en soutenant les changements positifs dans les communautés qu’elles servent.

Dans cet épisode de The Talent Transformation Podcast, Dimitri Boylan, CEO d’Avature, s’entretient avec Rachel Raymond, Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry.

Modeste, perspicace et d’une franchise rafraîchissante, Rachel Raymond a raconté comment elle est passée de recruteuse sans plan de carrière et peu encline à occuper des fonctions managériales à responsable des talents chez l’un des principaux facilitateurs de la fintech aux États-Unis.

Sa propre carrière témoignant de l’impact transformateur d’une mobilité interne intentionnelle, Rachel Raymond a livré des conseils pratiques sur la création d’une stratégie intégrée de gestion de talents dans laquelle la culture qui l’entoure est tout aussi essentielle que la technologie qui la soutient.

Se découvrir technologue

Au printemps 2020, alors qu’une grande partie du monde était confinée et s’adonnait aux puzzles, Rachel Raymond mettait en place des workflows dans le cadre de l’implémentation de l’ATS (Système de suivi des candidats) de Jack Henry.

Nous en surprenons plus d’un lorsque nous racontons ce que nous faisions avant [l’implémentation de l’ATS], c’est-à-dire lorsque nous regardions les roues tourner en attendant que les CV se chargent. Nous avons opéré une transformation technologique relativement importante dans le domaine de l’acquisition de talents au cours des deux dernières années. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

Bien qu’elle admette avoir du mal à mettre à jour son iPhone, Rachel Raymond s’est découvert un talent pour la configuration des technologies RH. Ses supérieurs ont été suffisamment impressionnés pour que l’équipe chargée des technologies RH soit placée sous sa responsabilité, la situant ainsi à la croisée des chemins entre la stratégie RH et la technologie. De ce point de vue, les responsables RH peuvent exercer un contrôle beaucoup plus important sur les outils nécessaires à l’implémentation de leur stratégie. Cependant, comme l’ont constaté Rachel Raymond et d’autres dirigeants issus de domaines non techniques, il peut être déconcertant de devoir composer avec un manque de connaissances dans un domaine aussi essentiel à la réussite.

Elle admet avec humour qu’elle se sent « parfois dépassée ». Cependant, en partageant la manière dont elle surmonte cette émotion très courante, elle illustre plusieurs traits de caractère essentiels aux managers performants : une reconnaissance ouverte des limites actuelles de ses connaissances, une curiosité d’apprendre et la capacité à faire confiance et donc à responsabiliser ses collaborateurs.

Je suis entourée de très bons responsables qui me rendent compte de chacun de mes domaines de compétence et qui m’aident vraiment à rester sur la bonne voie. Je leur dis : “Je vais aborder ce sujet, mais n’hésitez pas à m’interrompre si je me trompe”. Ils ont des années d’expérience dans leur secteur et des connaissances approfondies. Il est donc très utile d’avoir de bons responsables pour que je puisse me concentrer sur la stratégie globale, éliminer les obstacles et les laisser faire leur travail. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

Elle est tout aussi ouverte lorsqu’elle évoque la façon dont la gestion de l’aspect technologique de l’entreprise lui a ouvert les yeux sur les difficultés qu’elle a pu causer par le passé, en formulant des demandes de changements techniques sans en avoir formellement évalué la portée.

La plus grande surprise est venue, probablement de l’autre côté, du côté recrutement, […] je ne me rendais pas compte à quel point je rendais les techniciens fous avec mes demandes sporadiques… J’ai donc vraiment compris l’importance de bien cerner la portée de ce que l’on essaie de faire, les dépendances associées, les efforts [que cela implique]… Je pense que je n’en avais pas pleinement conscience avant de commencer à gérer ces équipes. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

Comprendre les besoins de son équipe technologique l’a également amenée à apprendre à diriger des profils d’employés différents, à comprendre leur façon de travailler et à affiner son approche managériale en conséquence : « Je pense que les recruteurs sont de bons vendeurs. Nous sommes bruyants. Nous parlons beaucoup… Quand je suis arrivée au sein de l’équipe technologique, tout le monde était surpris : “Attendez, vous voulez que j’allume ma caméra ?!”. »

Alors que les responsables RH stratégiques sont de plus en plus désireux de s’approprier leurs technologies, il est opportun de rappeler les besoins spécifiques de ceux qui collaborent avec eux pour y parvenir.

Créer les conditions en faveur d’une mobilité interne intentionnelle

Rachel Raymond est quelqu’un qui, de son propre aveu, est tombée par hasard sur un poste de recruteuse alors qu’elle n’avait que peu de connaissances technologiques et encore moins d’aptitudes pour le management. Depuis, elle a fait carrière au sein de la même entreprise, en sortant constamment de sa zone de confort, en se mettant à l’épreuve, en acquérant de nouvelles compétences et, tout aussi important, en mettant à profit les compétences, les idées et l’expérience qu’elle a accumulées pour révolutionner en silence la fonction de talent holistique chez Jack Henry.

Elle pourrait être l’exemple parfait de la mobilité interne intentionnelle. C’est donc, sans surprise, que Rachel Raymond avait beaucoup d’idées intéressantes à partager dans ce domaine.

Traditionnellement, l’idée selon laquelle les employés sont prêts à attendre patiemment de voir arriver une opportunité était largement répandue, ce qui signifiait que la mobilité interne était considérée comme un « petit plus » par de nombreux professionnels RH. Lorsque Rachel Raymond et son équipe se sont réunis en 2021 pour évaluer l’approche de Jack Henry en matière de mobilité interne, ce n’était déjà plus le cas. Les employés d’aujourd’hui sont beaucoup moins enclins à attendre patiemment leur chance ; ils préfèrent plutôt chercher à l’extérieur de l’entreprise des opportunités pour faire évoluer leur carrière.

Consciente des conséquences néfastes que peut avoir pour une entreprise de laisser partir ses meilleurs éléments, Rachel Raymond a commencé par revoir l’approche de l’entreprise et ouvrir la voie à l’épanouissement des talents au sein de Jack Henry.

Nous avions des politiques très conservatrices en matière de mobilité interne et les [employés]  ne pouvaient même pas postuler s’ils avaient moins de deux d’ancienneté dans leur poste. Nous perdions de bons talents parce qu’ils se sentaient coincés. Nous avons donc rédigé plusieurs business cases et modifié la politique pour ramener cette durée d’ancienneté à six mois. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

En un peu plus de trois ans, Jack Henry a vu les cas de mobilité interne au moins doubler, ce qui a renforcé l’engagement collaborateur et allégé la charge des équipes de recrutement qui devaient remplacer les talents qui partaient.

Nous sommes passés d’un taux de mobilité interne de 16 % à un taux compris entre 29 et 32 %. Si l’on exclut les postes de débutants, environ 40 % de nos postes sont occupés par des collaborateurs. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

La mobilité interne ne doit pas se limiter à satisfaire les employés

Dimitri Boylan a reconnu que ces résultats étaient impressionnants. Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de ne pas perdre de vue l’équilibre entre l’offre d’opportunités de mobilité et le maintien de la planification et de la stabilité nécessaires au bon fonctionnement d’une organisation. Il a tenu à souligner qu’une stratégie de mobilité des talents réussie doit aller au-delà de la fidélisation du personnel et du « simple fait de satisfaire les employés ».

Réalisant qu’il s’agissait des mêmes risques qu’elle avait évoqués, Rachel Raymond a affirmé qu’avec une planification minutieuse et une culture d’accompagnement et d’encouragement du personnel, il est possible d’atteindre une certaine intentionnalité et de combler le fossé entre les besoins de l’entreprise et ceux des employés.

Nous essayons d’être intentionnels et de résoudre les problèmes de l’entreprise grâce à cela. Lorsque vous examinez des programmes, vous vous demandez évidemment “qu’est-ce que cela apporte à l’entreprise ?”, mais aussi “qu’est-ce que cela apporte à l’employé ?”, et nous essayons de fusionner davantage ces deux aspects. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

Selon Rachel Raymond, la nuance réside dans le fait d’offrir des conseils aux employés sans pour autant les prendre par la main. La motivation à rechercher des opportunités et à développer sa carrière en fonction de ses aspirations doit être intrinsèque. Une fois que c’est le cas, l’entreprise peut faire la moitié du chemin en identifiant les formations et les expériences qui aideront les employés à atteindre leurs objectifs.

Nous attendons toujours des personnes qu’elles gèrent leur carrière… Il incombe toujours en partie aux collaborateurs de suivre des cours, de saisir les opportunités d’immersion professionnelle, d’apprendre du groupe, d’être proactifs et de gérer [leur] carrière. Mais nous leur donnons des conseils et leur indiquons des voies qui ont vraiment fonctionné pour d’autres. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

La mobilité interne doit s’accompagner d’un engagement vers l’extérieur

Dimitri Boylan, CEO d’Avature, considère qu’il est essentiel pour le succès d’une entreprise de communiquer sur sa politique de mobilité interne. Ne pas le faire peut donner l’impression que l’initiative ne constitue qu’une simple formalité administrative, la privant ainsi de son impact transformateur.

Je vois parfois des entreprises créer un programme de mobilité interne et s’arrêter là, avec un site carrière interne. Beaucoup de personnes ne sont pas convaincues par la mobilité interne. Elles pensent que cela n’existe pas. Elles ne prennent donc même pas la peine de consulter le site. L’engagement est faible [et] vous n’avez aucun impact. Je dis toujours que la mobilité interne doit s’accompagner d’un engagement vers l’extérieur. »

Dimitri Boylan
CEO d’Avature

Créer une culture d’ouverture à la mobilité chez les managers et dans l’ensemble de l’entreprise, sans se limiter au seul employé concerné, est souvent plus facile à dire qu’à faire et nécessite parfois quelques encouragements discrets. Après tout, personne ne veut perdre les meilleurs membres de son équipe. Rachel Raymond cite un exemple illustrant comment le dialogue entre les managers et les employés peut rester ouvert et constructif : l’intégration d’un plan de carrière dans les évaluations de performance.

Nous avons ajouté un prompt de conversation dédié à la carrière dans la gestion de la performance afin que nos collaborateurs puissent indiquer leurs aspirations professionnelles et que leur manager y réponde. Ainsi, nous sommes sûrs que même les managers qui hésitent à aborder ce sujet le font au moins deux fois par an. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

D’autres managers sont toutefois beaucoup plus proactifs dans le soutien qu’ils apportent à leurs employés. Rachel Raymond a donné un exemple concret, en expliquant qu’elle a été ravie d’aider un membre de son équipe qui, selon elle, allait pouvoir s’épanouir dans un poste alors vacant :

L’une de mes collègues était en congé maternité, un poste s’est libéré, je l’ai appelée et je lui ai dit : “Je sais que tu n’as pas accès au système pour le moment, mais nous devons t’y donner accès parce que ce poste, il est pour toi.” Cela lui a très bien réussi. Quand je raconte cette anecdote, les gens me disent : “Attendez, vous avez poussé votre employée à postuler ?” C’était le poste idéal pour elle. Je ne suis pas là pour diriger sa carrière. C’est sa carrière, après tout. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

Perspectives d’avenir : consolider les systèmes pour une analytique exploitable

La stratégie de gestion de talents commençant à prendre forme, Dimitri Boylan était impatient de savoir sur quoi Rachel Raymond comptait se concentrer ensuite.

Comme la plupart des entreprises, Jack Henry cherche à mieux comprendre l’IA, à la fois comme outil à exploiter et comme contexte à appréhender.

 Nous avons en quelque sorte démocratisé l’IA, dans le sens où nous avons dit : “Voici quelques outils, à vous de jouer.” Nous commençons à examiner des rôles spécifiques au sein de l’entreprise et à établir des profils afin de déterminer comment il est possible de mettre à profit l’IA pour votre employé standard. Certaines personnes pensent : “L’IA ne va pas apporter grand chose à mon travail”. Mais si et voici comment : en facilitant la rédaction de prompts et de présentations et en vous aidant à comprendre vos données. »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

Conformément à sa philosophie centrée sur l’humain, Jack Henry a mené une enquête auprès de ses collaborateurs afin d’évaluer leur sentiment à l’égard de l’IA. Les réponses des personnes sondées sont très variées, allant de l’indifférence ou de la crainte à l’enthousiasme face à ces opportunités considérables et la volonté de revaloriser leurs compétences.

Comme 76 % des personnes interrogées dans le cadre de la récente enquête d’Avature, Jack Henry fait de la mise en place d’une stratégie de compétences pleinement intégrée une priorité absolue.

Selon Rachel Raymond, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, ses analystes devant souvent travailler sur plusieurs applications pour identifier les besoins spécifiques de chacune avant de faire appel aux partenaires technologiques appropriés. Dimitri Boylan a fait remarquer qu’il s’agit d’un problème courant pour les entreprises cherchant à adopter des compétences dans le domaine des talents tout en travaillant avec trois ou quatre systèmes différents. L’absence d’ontologie maître servant de source unique de vérité entraîne souvent des incompatibilités entre les systèmes.

La stratégie holistique en matière de compétences n’est pas la seule à nécessiter une mise en relation des différents éléments. Rachel Raymond voit encore plus loin : elle souhaite à terme tisser des liens entre les différents éléments qui composent la fonction talent au sens large.

Je pense que le domaine des ressources humaines est très interconnecté, c’est pourquoi nous essayons de mettre en corrélation un grand nombre de dépendances. Quel est l’impact de la formation sur la mobilité interne ? Les compétences internes [ont-elles un impact] sur l’engagement collaborateur ? Comment le compa-ratio peut-il potentiellement avoir des répercussions sur ces éléments ? »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

Pour obtenir une image plus complète de cette interrelation complexe, Rachel Raymond reconnaît qu’il faut d’abord surmonter un certain nombre de difficultés pratiques, dont la plus importante est la nécessité de consolider les données. Comme peut en témoigner toute personne ayant déjà entrepris une transformation numérique, cela est souvent plus facile à dire qu’à faire.

Il y a quelques semaines, j’ai demandé : “Quelqu’un a-t-il une vue d’ensemble de toutes les données dont nous disposons, de toutes les sources d’où nous les tirons collectivement en tant qu’équipe RH ?” J’ai présenté la liste des sources de données à tout le monde et les gens ont réagi en disant : “Waouh. C’est gigantesque.” »

Rachel Raymond
Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry

La transformation numérique de Jack Henry étant déjà bien avancée, Rachel Raymond devra trouver un équilibre entre les besoins immédiats de l’entreprise et les avantages à long terme d’une approche coordonnée. Elle est consciente que cela impliquera probablement de continuer à utiliser les anciens systèmes pendant un certain temps, voire d’introduire des solutions intermédiaires pour combler les lacunes jusqu’à ce que la nouvelle vision puisse être concrétisée.

« Il s’agit d’un projet qui s’étendra sur plusieurs années », a-t-elle reconnu, avec l’assurance de quelqu’un qui attend autant de satisfaction de ce parcours que de l’atteinte de l’objectif.

Dimitri Boylan

Bienvenue dans ce nouvel épisode de The Talent Transformation Podcast. Nous recevons aujourd’hui Rachel Raymond, Director of Talent Acquisition, People Technology and Analytics chez Jack Henry. Bonjour Rachel, merci d’être là.

Rachel Raymond

Merci de m’accueillir.

Dimitri Boylan

Ravi de vous recevoir, Rachel. Commençons par parler de Jack Henry.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Parlez-nous de l’entreprise. Elle n’est pas encore très connue. Nous aimerions en savoir plus.

Rachel Raymond

Oui, c’est drôle. J’ai commencé comme recruteuse, il y a neuf ans. J’ai eu souvent droit à : « Vous appelez d’un cabinet d’avocats ou d’une agence de recrutement ? » L’entreprise Jack Henry existe cependant depuis plus de 45 ans. Cotée en bourse, elle est spécialisée dans les technologies financières et accompagne les petites et moyennes institutions financières aux US.

Dimitri Boylan

D’accord. La première chose qui me vient à l’esprit, c’est l’open banking.

Rachel Raymond

Oui, nous sommes très actifs dans ce domaine. On a opéré une transformation dernièrement. On s’occupe du système central. C’est là que l’on a commencé. On gère le cœur des institutions financières, le traitement des transactions, les systèmes de guichet, etc. On gère tout, des systèmes centraux à la banque numérique, en passant par les paiements et les applications mobiles. Si vous êtes client de l’une de ces institutions financières et que vous utilisez leur appli mobile, ou une de leurs solutions bancaires en ligne, c’est lié à Jack Henry.

Dimitri Boylan

Et vous y êtes depuis neuf ans. Vous avez commencé comme recruteuse ?

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Comment êtes-vous arrivée à votre poste actuel ? Vous gérez des choses importantes.

Rachel Raymond

Oui. Ça a été un parcours intéressant. Je viens du recrutement technique. J’ai débuté dans le consulting logiciel, puis j’ai suivi mon mari qui a été muté dans le Kentucky, et je suis tombée sur Jack Henry, je ne savais même pas dans quoi je m’embarquais. J’ai été soutenue. J’ai été recruteuse pendant quatre ou cinq ans, puis conseillère en talents et responsable de l’acquisition de talents. Quand j’ai eu ce poste, des changements organisationnels ont eu lieu. J’ai repris une partie des opérations AT : recrutement fournisseurs, effectifs, collaborateurs externes, stages, et tout ce qui va avec. Dans le cadre de cette fonction, j’ai implémenté l’ATS d’Avature.

Dimitri Boylan

D’accord. Merci.

Rachel Raymond

Oui, c’était très intéressant. L’implémentation a débuté en mars 2020 et le lancement le 1er juin. Durant la pandémie, lorsque certains faisaient des puzzles, je…

Dimitri Boylan

Vous…

Rachel Raymond

Je configurais des workflows. J’ai occupé ce poste de responsable AT pendant plusieurs années. Nous avons fini par rapatrier l’équipe technologique RH des services techniques vers les RH, il y a quinze mois environ.

Dimitri Boylan

D’accord.

Rachel Raymond

Cette équipe avait déjà été déplacée. Une fois mon congé maternité terminé, notre CPO m’a demandé : « Aimeriez-vous… »

Dimitri Boylan

Un peu plus…

Rachel Raymond

Une équipe technique. En raison de ma réussite avec l’application Avature, mes compétences techniques étaient plus importantes que je le pensais. C’est donc là que j’ai atterri, puis j’ai évolué vers l’équipe Analytique.

Dimitri Boylan

Un technologue sommeille en chaque individu issu du monde des RH.

Rachel Raymond

C’était intéressant. J’arrive à peine à mettre à jour mon iPhone, mais…

Dimitri Boylan

Créer des workflows et des portails, aucun problème. C’est appréciable.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

C’est bien.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Vous savez vraiment ce que vous voulez. On estime que les managers modernes savent tout simplement utiliser la technologie. C’est ainsi que fonctionne la technologie. C’est tellement… C’est indispensable au travail. Il y a 30 ans, on pouvait s’en passer et bien faire son travail. Aujourd’hui, impossible d’y parvenir sans certaines compétences techniques.

Rachel Raymond

Nous en surprenons plus d’un dans l’équipe lorsque nous racontons comment c’était avant Avature : attendre que les CV se chargent, regarder les roues tourner… On a opéré une transformation technologique majeure en acquisition de talents, ces deux dernières années. Nous voulons étendre cette approche à d’autres domaines de notre équipe People and Culture.

Dimitri Boylan

Parlons de la culture, car elle est très importante quelle que soit l’entreprise. Lorsque vous essayez d’être compétitif dans le monde de la tech, elle est encore plus importante car de nombreuses options s’offrent à vos employés. Dans le secteur de la tech, impossible de rester coincé dans un poste. Quelle est donc la culture chez vous ?

Rachel Raymond

En effet. La culture de Jack Henry est assez unique. C’est une organisation très humble. Ce qui était difficile en tant que recruteuse, c’est qu’on ne parlait pas assez de nous. Je me disais qu’il fallait y remédier. Je voulais que l’on nous connaisse ainsi que notre travail. L’important était de bien faire son travail, faire ce qu’il faut, et prendre du plaisir. C’est une philosophie de vie. La culture est basée sur des valeurs familiales, avec une approche axée sur l’humain. Notre vision ? Des collaborateurs heureux rendent les clients heureux, rendant ainsi les parties prenantes heureuses. Cela commence par les collaborateurs, et se répercute à tous les niveaux. Nos dirigeants montrent donc l’exemple, ils sont très ouverts et transparents. Ils s’assurent que l’on prend soin des collaborateurs, que la communication passe bien. Je pense que cette régularité, ce souhait de faire partie de l’organisation, nous a permis de préserver cette culture.

Dimitri Boylan

Vous avez fini dans une équipe technique.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Qu’est-ce qui a été surprenant à votre arrivée ?

Rachel Raymond

Acquisition de talents et technologies RH ne sont pas des domaines souvent associés. Je suis donc habituée aux… Je pense que les recruteurs sont de bons vendeurs. Nous sommes bruyants et très bavards. Et je suis arrivée dans l’équipe tech. Tous étaient surpris : « Je dois allumer ma caméra ?! » « Vous voulez me parler ? » « Pour quoi faire ? » Il a été question d’un léger changement culturel en termes de leadership.

Dimitri Boylan

Oui.

Rachel Raymond

Je pense que la plus grande surprise a été… Côté recrutement. Je disais : « Ajoutons cette fonctionnalité », « Faisons ceci, faisons cela ». Je ne me rendais pas compte à quel point je rendais les techniciens fous avec mes demandes sporadiques. Je terminais une conférence Avature en disant : « Nous devons faire ces six choses pour la semaine prochaine. » J’ai donc vraiment compris l’importance de bien cerner la portée de ce que l’on essaie de faire, les dépendances associées, les efforts. Je n’en avais pas pleinement conscience avant de commencer à gérer ces équipes. Ce fut donc un grand changement.

Dimitri Boylan

Oui, c’est intéressant. J’ai d’abord travaillé dans le recrutement, puis la technologie. Plutôt, technologie, recrutement puis technologie de nouveau. Le recrutement, c’est dans l’urgence, tout est immédiat. Mais la technologie nécessite un plan et une portée bien définie. Mais vous vous êtes adaptée.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Vous êtes dans l’équipe People Analytics. Êtes-vous satisfaite de votre situation actuelle ? Pensez-vous que ce domaine est… ? Le rêve de l’Analytique RH, c’est permettre de comprendre la culture grâce à l’analyse.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Objectif ambitieux.

Rachel Raymond

En effet.

Dimitri Boylan

Bien. Où en êtes-vous ?

Rachel Raymond

Je suis à la tête de l’équipe People Analytics depuis environ neuf mois. J’ai passé les deux premiers mois à évaluer la situation. Où en sommes-nous ? Que faisons-nous ? Que manque-t-il comme données ? Je dirais que nous n’en sommes qu’au tout début. Nous disposons de bonnes données de base et de bons rapports standards. On arrive à rendre les données accessibles aux personnes. On essaie d’aller encore plus loin, avec la corrélation entre les programmes. Il y a six ou sept ans, l’Acquisition de talents gérait les données de l’acquisition de talents, l’Apprentissage les siennes. Aujourd’hui, je pense que le domaine RH est très interconnecté. Nous essayons de mettre en corrélation un grand nombre de dépendances. Quel est l’impact de notre équipe sur la mobilité interne, ou de celle-ci sur l’engagement employé ? Quel impact potentiel du compa-ratio sur ces éléments ? Nous essayons de mettre en corrélation les données issues de différents systèmes afin de dresser un tableau d’ensemble et de comprendre comment notre travail s’articule dans le domaine RH.

Dimitri Boylan

Oui, comment il permet d’atteindre son objectif.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Oui. Placer les bonnes personnes aux bons postes. Placer les autres personnes à des postes où elles peuvent réussir.

Rachel Raymond

Exactement.

Dimitri Boylan

Oui. Lorsque cela n’est pas possible, trouver des personnes externes pouvant faire ce travail, avec un plan d’apprentissage pour quelqu’un qui pourrait être prêt pour le travail mais pas tout à fait. Les données doivent être en temps réel. Or, vous souhaitez analyser et comprendre ces données mais, vous voulez aussi les utiliser pour les traduire en actions concrètes dans des programmes qui dépendent souvent de systèmes différents. Cela peut être difficile. Vous y travaillez depuis neuf mois, donc vous en êtes aux premières étapes.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Difficile d’aller plus vite.

Rachel Raymond

Il y a quelques semaines, j’ai demandé : « Quelqu’un a-t-il une vue d’ensemble de toutes les données dont nous disposons ? » De toutes les sources ? D’où nous les tirons ? Collectivement en tant que RH. J’ai présenté la liste des sources de données à tout le monde et les gens ont réagi en disant : « Waouh. C’est gigantesque. » Ils ont alors commencé à comprendre où se situait le défi : rassembler toutes ces données et mettre en place une stratégie. Nous avons beaucoup de projets pour les deux prochains mois. Ce sera un travail de plusieurs années.

Dimitri Boylan

Entre l’Acquisition de talents, l’Analytique RH et…

Rachel Raymond

La technologie RH.

Dimitri Boylan

La technologie RH. Vous gérez toute la technologie RH ?

Rachel Raymond

Je gère la plupart des analystes. Nos analystes RH étaient auparavant rattachés aux RH, puis ils ont été transférés au service tech, avant de revenir dans leur service d’origine. Leur mission : le capital humain.

Dimitri Boylan

D’accord.

Rachel Raymond

Aujourd’hui, notre objectif est d’élargir leurs fonctions. Nous voulons qu’ils se consacrent à notre stratégie sur les compétences, pour de multiples applications. Il s’agit essentiellement d’identifier les exigences et les besoins, de choisir les bons partenaires technologiques. Il faut une collaboration étroite avec les développeurs, les équipes d’intégration, la sécurité, etc. On essaie de rassembler les pièces pour faire avancer le travail. On a donc décidé de changer un peu notre approche. On commence à faire appel à ces analystes pour prendre en charge d’autres applications qui, avant… Le responsable SME, plus que celui de l’apprentissage, était seul à devoir se débrouiller tant bien que mal en se demandant par exemple : « Qui je dois voir quand ça arrive ? » Nous essayons d’apporter un peu plus de cohérence et de soutien à toutes les applications dont nous disposons chez nous, côté RH.

Dimitri Boylan

Essayez-vous de développer un framework global dans lequel s’inscrivent toutes ces applications, en termes de réflexion, et pas seulement en termes de données, car vous avez déjà mappé la provenance de vos données. Vous évoquiez les compétences… La plupart de nos clients ont des compétences dans 3 ou 4 systèmes. Deux problèmes se posent : A) les compétences évoluent vers l’intelligence. L’IA a un impact positif sur les compétences, mais B) lorsque vous avez 4 systèmes différents qui font la même chose, certaines questions se posent : qui gouverne ? Qui détermine les compétences requises ? Est-ce tel ou tel système ? Ces différents systèmes présentent une incompatibilité. Comment gérer ? Avez-vous beaucoup d’anciens systèmes ? Avez-vous beaucoup de systèmes hérités ?

Rachel Raymond

Oui. Nous modernisons l’ensemble de nos solutions. Nous sommes en train de migrer notre HCM vers une solution basée sur le cloud. Nous utilisons une solution sur site. C’est un processus en pleine évolution. Nous procédons à des mises à niveau majeures sur la plupart de nos systèmes et essayons vraiment de comprendre : quels cas d’utilisation ? Quelle est la source de vérité ? Ou la source temporaire de vérité ? Certains éléments pourraient migrer vers la nouvelle solution HCM cloud. L’activité est limitée dans ce domaine en raison de la transformation en cours. Dispose-t-on de solutions pour combler l’écart dans les deux années à venir alors que nous traversons des changements et des implémentations majeurs ?

Dimitri Boylan

Je suis très impressionné. Passer du recrutement à la gestion tech dans une entreprise technologique.

Rachel Raymond

En effet.

Dimitri Boylan

Oui. Qu’est-ce que ça fait d’être responsable tech dans une entreprise tech ?

Rachel Raymond

La plupart du temps, je me sens dépassée. On parle du syndrome de l’imposteur…

Dimitri Boylan

Parfois, on y pense, et on se rend compte que c’est un phénomène réel.

Rachel Raymond

De très bons responsables m’assistent dans chacun de mes domaines. Ils me guident sur le droit chemin pour s’assurer que.… Je leur dis : « Je parlerai de ça, n’hésitez pas à… » « Interrompez-moi si je dis quelque chose qui ne va pas. » J’ai beaucoup appris d’eux. Ils ont de l’expérience dans leur secteur et des connaissances approfondies. Avoir de bons responsables est précieux : je peux me concentrer sur la stratégie globale, éliminer les obstacles, et les laisser faire leur travail…

Dimitri Boylan

Faire leur travail et trouver comment tout articuler pour obtenir le bon impact, ce qui peut être difficile. Une personne tech à la tête d’un groupe tech, dur de faire le lien avec l’impact sur l’entreprise. On a besoin de quelqu’un au-dessus de soi pour nous aider à le faire. Même dans des entreprises de logiciels comme la nôtre, comptant un très grand nombre de profils tech… Quand on conçoit un produit, certains de ces techniciens ont des parcours très variés. On construit en quelque sorte un produit à grande échelle…

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Oui. Qui sert les objectifs stratégiques de l’organisation. Vous semblez prendre plaisir à le faire.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Vous semblez très enthousiaste.

Rachel Raymond

Je suis quelqu’un qui n’a jamais eu de plan de carrière, ce qui surprend souvent les gens. On m’a demandé il y a 4 ou 5 ans si je voulais gérer des équipes. J’ai répondu que non. Me voilà pourtant aujourd’hui à la tête de 3 ou 4 équipes différentes.

Dimitri Boylan

J’ai tendance à confier des postes de management à ceux qui disent ne pas nécessairement vouloir manager.

Rachel Raymond

J’aime les défis. J’aime les casse-têtes, les défis, les conversations intéressantes. C’est quand je m’ennuie que mon travail perd vraiment en qualité. J’aime le changement. J’aime les interconnexions. Je découvre des aspects qu’on avait un peu laissés de côté et qu’on commence à reprendre. C’est amusant et prenant.

Dimitri Boylan

Oui.

Rachel Raymond

C’est bien.

Dimitri Boylan

Et au cas où vous vous ennuieriez, l’IA arrive.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Pour pimenter un peu les choses. Dans quelle mesure y pensez-vous ? Vous familiarisez-vous encore avec l’héritage et l’infrastructure ? Ou commencez-vous déjà à réfléchir à l’impact que l’IA va avoir ?

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Et… Je vais poser une autre question. Combien de temps discutez-vous avec les techniciens qui développent les produits et les solutions pour les banques ?

Rachel Raymond

Oui. Donc, nous avons… Nous intégrons l’IA dans nos solutions produits chez Jack Henry.

Dimitri Boylan

Oui.

Rachel Raymond

C’est énorme… Pour les banquiers, pouvoir répondre aux questions des clients, leur expliquer les politiques ou autre, et intégrer le chat dans notre banque numérique avec l’assistance IA, c’est vraiment génial. Cela va susciter beaucoup d’intérêt. Lors de notre récente conférence, nous avons annoncé bon nombre de ces programmes et lancements. C’était bien. Nous disposons d’un conseil de gouvernance de l’IA. Je crois que quelqu’un l’a mentionné sur scène tout à l’heure. On a un peu démocratisé l’IA en disant : « Voici quelques outils, à vous de jouer. » Nous commençons à examiner des rôles spécifiques dans l’entreprise et à établir des profils pour voir comment vous pouvez tirer parti de l’IA pour votre employé standard. Certaines pensent : « l’IA ne va apporter grand chose à mon travail ». Mais si et voici comment : en vous aidant à rédiger des prompts et présentations ou à comprendre vos données. Nous avons… Nous avons intégré Copilot et explorons des cas d’utilisation, testons ce qui fonctionne ou non. Ne faîtes rien de stupide. Ne mettez pas notre code dans ChatGPT.

Dimitri Boylan

Nous avons aussi cette règle.

Rachel Raymond

Mais voyez ce que vous pouvez faire et essayez simplement de comprendre comment en tirer le mieux parti. Nous avons mené une enquête sur l’IA auprès de l’ensemble de nos collaborateurs afin de connaître leur opinion à ce sujet, leur sentiment général. Comment l’utilisent-ils ? Avec quels outils ? Juste pour avoir une base de référence. Les avis étaient partagés. C’était du 50-50, certains l’utilisent d’autres non. Certains disent : « C’est mal, je vais perdre mon emploi », et d’autres voient les choses différemment… Pour nous, pour l’instant, il s’agit surtout de montrer comment l’utiliser, les avantages pour votre travail, les possibilités de revaloriser ses compétences. La communication est essentielle, il faut en expliquer les applications.

Dimitri Boylan

Effectivement. Cela va avoir un impact dans beaucoup de petits domaines, difficile à quantifier.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Bien. L’impact sera dans certains cas considérable, mais il est difficile de savoir exactement où cela se produira pour l’instant. Parlons de mobilité interne. La pratiquez-vous beaucoup ? Avez-vous des systèmes en place ? Cela a-t-il un impact important dans votre organisation ?

Rachel Raymond

Oui, tout à fait. Les efforts déployés pour mettre l’accent sur la mobilité interne ces 4 dernières années ont été considérables. Je pense que c’était vers 2020, 2021, à peu près à cette époque. Je ne me souviens plus très bien.

Dimitri Boylan

C’est un peu flou, oui.

Rachel Raymond

Nos politiques étaient très conservatrices en matière de mobilité interne. Nous perdions donc des collaborateurs. Ils ne pouvaient même pas répondre à une offre de poste s’ils n’avaient pas au moins deux ans d’ancienneté dans leur rôle. Nous perdions donc de bons talents parce qu’ils se sentaient coincés. On a donc rédigé des business cases, réduit l’ancienneté à 6 mois et instauré plus de transparence. Nous avons lancé un site carrière interne, créé des points de contact personnalisés entre recruteurs et collaborateurs pour éviter de les oublier au cours du processus. L’un des défis était que nous avions… Avant notre ATS, beaucoup d’employés passaient à travers les mailles du filet. Nous les suivions à l’aide de tableurs, car l’ancien ATS ne permettait pas d’extraire leur identifiant unique.

Dimitri Boylan

D’accord.

Rachel Raymond

On oubliait des personnes. Elles étaient mécontentes du processus, nous l’avons revu et modifié notre politique. Nous sommes passés d’un taux de mobilité interne d’environ 16 % à un taux compris entre 29 et 32 %.

Dimitri Boylan

Dis donc.

Rachel Raymond

En excluant nos 4 postes de débutants… Nous avons certains postes qui ne sont jamais pourvus en interne, car ils sont d’entrée de base. Environ 40 % de nos postes sont ainsi occupés par des collaborateurs. Une part importante des offres que nous traitons résulte indirectement des déplacements de collaborateurs. C’est une bonne chose car cela a permis d’améliorer la fidélisation. Nos employés sont épanouis et l’accent est mis sur le développement de carrière.

Dimitri Boylan

L’entreprise est mieux comprise…

Rachel Raymond

Ils la connaissent mieux. C’est très bien. Nous tentons de trouver des moyens d’aider l’entreprise à être plus motivante avec la mobilité interne. Par exemple, à l’aide de technologies très anciennes. On emploie encore des programmeurs RPG. Personne ne leur enseigne…

Dimitri Boylan

RPG III ou IV ?

Rachel Raymond

Oui, trois. Nous utilisons iSeries. On est l’un des plus gros clients d’IBM.

Dimitri Boylan

Oui.

Rachel Raymond

Personne n’enseigne le RPG à l’école. Personne ne veut se lancer dans le RPG. Nous avons des personnes de notre centre de contact qui comprennent nos produits, puis qui passent à l’implémentation. Nous les formons ensuite au RPG. Ils ont un véritable parcours de carrière. Ils sont venus pour un poste dans un centre de contact et sont désormais… Ils sont programmeurs.

Dimitri Boylan

Ça change la vie.

Rachel Raymond

Oui, c’est superbe. Cela comble un déficit, il est difficile de trouver des personnes en externe prêtes à faire ce travail. On a été intentionnels avec certains de nos programmes de ce type, afin de constituer ces viviers de talents tout en continuant à soutenir la mobilité et l’apprentissage.

Dimitri Boylan

En effet, il faut être intentionnel en matière de mobilité interne. Nombre de nos clients commencent par la mobilité interne en publiant des politiques. Les contraintes politiques sont nombreuses et on se dit : « Nous devons nous y mettre pour réduire le turnover. » C’est particulièrement important avec les jeunes générations qui sont moins disposées à garder un emploi qui ne les intéresse plus. On leur a appris à l’école à toujours s’intéresser à ce que l’on fait. Elles ont besoin d’être stimulées. Lorsque vous publiez les politiques, vous laissez les gens bouger parce que cela les empêche de partir, et ils commencent à réfléchir à cette intentionnalité et se demandent s’il n’y a pas une dimension stratégique à cela. Oui, nous favorisons la mobilité pour garder les talents et les satisfaire, mais il y a aussi des objectifs spécifiques à atteindre. Et vous commencez à faire le lien… En êtes-vous là ? Je pense que vous arrivez à ce stade où vous vous dites : « Notre mobilité doit aller au-delà du fait de satisfaire les gens ».

Rachel Raymond

Nous tentons d’être intentionnels et de résoudre les problèmes commerciaux. Nous tentons de combler ce fossé. Je pense que vous êtes toujours… En examinant des programmes, vous évaluez leur valeur pour l’entreprise et pour les employés, et vous tentez de fusionner davantage ces deux aspects. On espère que les gens gèrent leur carrière. On ne va pas leur dire : « Nous allons remplir votre candidature et vous dire où aller ». Il incombe toujours aux collaborateurs de suivre des cours, de saisir les opportunités d’immersion sur un poste, d’apprendre du groupe, d’être proactifs pour gérer leur carrière. Nous leur donnons des conseils et leur indiquons des voies qui ont vraiment fonctionné pour d’autres. C’est donc un équilibre.

Dimitri Boylan

Oui, j’ai remarqué chez Avature qu’il y avait un peu de recrutement interne.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Vous aussi ? C’est un peu comme si l’on regardait tout autour.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Et c’est assez intéressant. La dynamique a changé par rapport à celle d’il y a quelques années. C’était le cas à un certain niveau mais maintenant, il faut s’y habituer… On tente de séduire quelqu’un pour l’avoir dans son équipe.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

C’est assez intéressant.

Rachel Raymond

Oui, nous avons beaucoup travaillé. Je dirais que c’est un équilibre. Nous avons beaucoup travaillé pour adopter une approche « One Jack Henry », en nous considérant comme une seule entreprise, ce qui s’est avéré très utile. Mais les managers n’aiment pas que l’on rode autour des employés pour les envoyer ailleurs.

Dimitri Boylan

Non…

Rachel Raymond

En effet.

Dimitri Boylan

Mais j’ai remarqué que dans une certaine mesure, il incombe au manager de garder l’intérêt de son collaborateur.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Si quelqu’un dans l’organisation dit : « Vous devriez vraiment faire ça, c’est mieux pour vous, blabla… », je pense que… Si votre propre manager ne dit rien, on se dit : « Au moins quelqu’un veut m’avoir. » Nous devrions toujours savoir que notre manager nous veut. Vous voyez ce que je veux dire… Je pense que, quand vous faites du bon travail, il est normal que d’autres viennent vous solliciter.

Rachel Raymond

Nous avons ajouté une section dédiée à la carrière dans la gestion de la performance afin que nos collaborateurs indiquent leurs aspirations professionnelles et que leur manager y réponde. Ainsi, même les managers qui hésitent à aborder ce sujet le font au moins deux fois par an, lors de bilans de mi-parcours. J’ai moi-même approché une collègue. Elle était en congé maternité, un poste s’est libéré, je l’ai appelée : « Tu n’as pas accès au système actuellement, mais il faut qu’on t’y donne accès, car ce poste est fait pour toi. »

Dimitri Boylan

Oui, je vois.

Rachel Raymond

Cela lui a très bien réussi. Quand je raconte cette histoire, on me dit : « Vous avez poussé votre employée à postuler ? » Je veux dire…

Dimitri Boylan

C’était pour elle.

Rachel Raymond

C’était l’idéal pour elle. Je n’ai pas à diriger sa carrière. Il s’agit de sa carrière à elle. On a mis en place des choses. On a lancé une campagne d’adhésion via notre portail de mobilité interne pour encourager tous les collaborateurs à renseigner leur profil, indiquer leurs compétences et leurs préférences : Quels sont vos intérêts ? Combien d’heures par semaine pouvez-vous dédier à des projets spéciaux pour acquérir de l’expérience ? Ce genre de choses. On travaille sur des communications non ciblées individuellement, mais qui nous permettent d’identifier les personnes prêtes pour un nouveau rôle, qui s’intéressent à ces domaines et on leur présente les postes ouverts. On a des communications plus ciblées sur les opportunités de développement.

Dimitri Boylan

C’est essentiel. Je vois parfois des entreprises lancer un programme de mobilité interne. Cela se limite au site carrière interne.

Rachel Raymond

Exactement.

Dimitri Boylan

Et… Beaucoup ne sont pas convaincus par la mobilité interne. Ils pensent que cela n’existe pas et ne consultent même pas le site. L’engagement est faible. Vous n’avez aucun impact. Mais je dis toujours que la mobilité interne doit aller avec un engagement vers l’extérieur. Vous venez du recrutement. C’est donc presque un réflexe.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Est-ce qu’il y a quelque chose que vous ne faites pas encore, mais que vous avez très envie de lancer ? Avez-vous des projets ?

Rachel Raymond

Je pense qu’on réalise beaucoup de choses que l’on souhaitait accomplir. On tente d’adopter une approche plus intentionnelle au niveau des compétences. Je dirais que… C’est aussi une question d’équilibre. On a des cas d’utilisation dans divers domaines, mais pas de plan à long terme au niveau de la planification du personnel. On est en train d’évoluer vers une vraie stratégie de talents. On se concentre sur la technologie, sur la manière d’interconnecter le travail et d’être orientés solutions en tant qu’équipe RH, sans rester trop cloisonnés. Je n’ai pas forcément besoin d’en rajouter, il y a déjà pas mal de travail… Mais tout ça reste positif et stimulant.

Dimitri Boylan

Je pense que vous êtes sur la bonne voie. Tout ce que vous faites, c’est ce que les autres font… ou aimeraient faire.

Rachel Raymond

Oui.

Dimitri Boylan

Oui. C’est vraiment super d’entendre ça. J’aimerais beaucoup savoir comment cela évoluera au fil du temps. Je pense que ce sera intéressant. On dirait que vous faites vraiment tout ce qu’il faut, c’est génial. Oui, c’est fantastique. Merci d’être venue.

Rachel Raymond

Merci de m’avoir reçue.

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